Campei, Léo
Une dernière nuit au Laos, a 8 kilomètres de Boten la frontière chinoise. Premier contact avec les chinois, un ingénieur travaillant ici parlant anglais nous invite à boire des bières avec les douaniers Laotiens.
Campei, cul sec en chinois, accompagné de couenne de porc et d'oeufs à la mode Laos.
Nous dépensons nos derniers Kips à Boten, ville hallucinante, quelques grands hôtels des buildings, le tout dans un trou au milieu des montagnes. Les chinois et les Laotiens y viennent pour jouer au casino.
Nous passons la frontière sans encombre et changeons de monde, deux fois deux voies bordées de maisons en béton ou de plantations de thé et de caoutchouc. Seul le temps reste le même, 40 kilomètres sous la pluie.
Les vélos font des leurs, Mengla pas de distributeurs, pas un change, heureusement trois touristes près de la gare avec qui nous échangeons dollars contre yuans.
Une nuit en sleeper et nous voilà à Kunming, mission une journée pour trouver une banque et un magasin de vélo. Nous roulons une heure et demi sur de larges avenues pour atteindre le centre, toujours tout droit. Bon accueil de la part des chinois, heureux de nous aider et contents de nous voir a vélo. Le centre est digne d'une ville occidentale, Mc Do, Carrefour, magasin Nike et Adidas, rues pietonnes et gros buildings.
Galette de semoule dans le ventre et yuans dans la poche, nous trouvons notre bonheur dans un Bike shop bien achalandé. Pédales, freins, moyeu, cassette, huile hydrolique, compteur, la liste est longue mais heureusement tout est dispo.
Arrivés à 10h, trois personnes passent la journée sur le vélo de Mica, ne s'arrêtant même pas pour manger. Rien à voir avec leurs collegues Laos ou cambodgiens, se sont de vrais professionnels.
Parmi les nombreux clients du Bike Shop, Léo un jeune chinois parlant bien anglais prévoit un trip vélo au tip. Nous discutons un moment avec lui et il nous invite à dormir chez lui.
Numéro de téléphone en poche, nous laissons les vélos et partons éveiller nos papilles: pâte feuilletée garnie, soupe et nouilles froides en sauce. Nous sommes de plus en plus surpris par l'attitude des chinois, ouverts et sympathiques, disponibles pour nous rendre service.
Retour au shop où ils se cassent la tête sur les freins hydroliques et les derniers réglages. 19h, tout est terminé, un coup de fil à Léo qui vient nous récuperer avec un ami. Nous posons les vélos au cinquieme étage dans une cité étudianteoù ils louent un logement pour professeur. De là, nous filons dans une rue animée de nombreux shops et de resto à nouilles.
Ils passent commande et règlent la note, nous passons à l'étage où nous sont servis poulet au sésame et soupe de nouilles.
Léo travaille dans une banque depuis sept ans et il vient de démissioner pour partir à vélo et retourner dans sa province de Shandong ou vit sa famille.
Sympathique soirée qui se finit par un Campei de bière après avoir échangé photos et email.
Nous installons nos karimat dans le salon pour notre deuxième nuit en chine après une journée bien remplie.
Sept heures, tout le monde debout, Léo doit être à 8h au bureau pour commencer à 9h.
Munis de cartes et d'infos qu'il nous a donné, nous allons à Xi Bu Ke Yun Zhan, la gare de bus pour Dali, à 10km du centre. Stop découvertes culinaires, lait de soja chaud et delicieux Baozi vapeur, pain farcis..... tout au long du chemin. Une petite comm pour charges les vélos dans le bus et nous voilà partis.
Un seul mot quel accueil.
Que le vent nous porte
Que dire, que dire...
Douze jours de vélo, sept cols à plus de 4000 m, des canyons, des vallées, des prairies fleuries, des hauts plateaux d'alpage, des lacs, des montagnes, des glaciers, des champs de blé, des chortens, des chortens, des drapeaux à prières, des drapeaux, des drapeaux, et des rencontres....
Des cyclistes avec qui nous pédalons pour passer les cols et les check points de notre brève incursion tibétaine, des policiers amicaux, des bikers qui nous éclairent dans les tunnels, des marchands qui nous offrent du thé, des nomades qui veulent piquer les biscuits sur nos sacs pendant que nous galérons dans les montées, des pèlerins qui nous invitent à dormir et à manger......
Et surtout des kilomètres 1360 à pédaler parmi des paysages splendides.
Sur des routes en construction, en reconstruction, effondrées, bien lisses et désertes......
Des klaxons, pour nous dire bonjour, pour nous dire de nous écarter, pour se montrer au cas où nous n'aurions vu le gros camion bleu face à nous......
En gros on se fait vraiment, vraiment plaisir à explorer la chine des campagnes et les régions du Yunnan et du Sichuan.
Une suite épique où tout se complique
Manigango, premier coup de fatigue, on décide de se poser deux nuits au même endroit et d'en profiter pour faire un tour sans les bagages.
Une ballade vers les Chola Mountains et nous repartons pour de nouveaux cols a plus de 4000m, 4700m le plus haut, Ngamba la .
Une nuit dans la station de police désaffectée, un camp près d'un lac et un nouveau coup de fatigue. 17 jours de vélo, 12 cols, une altitude moyenne de 4000m, cinq rayons en moins....
Nous ne buvons plus de bières le soir, il est temps de redescendre.
Yushu est en vue, nous prévoyons d'y extendre les visas et de se caler quelques jours. Et bien non, la terre a tremblé en décembre 2009, 7.9 sur l'échelle de Richter, il reste de la poussière.... et des tentes bleues.
Galère pour se caler et même en saoûlant la police plusieurs fois, il est impossible de faire refaire notre visa.
Plus qu'une seule solution, à contrecoeur, dégouttés, louper cette belle route et prendre un bus de 16 heures, 800km, pour Xining.
Numéro 8006
Quel plaisir de retrouver le bus:
800 kilomètres secoués et klaxonnés.....Sans compter nos propres odeurs.....
Retour à la douche
5h30, tout est endormie, nous tournons dans cette petite ville de deux millions d'habitants aux grattes ciels en construction. Une Guest house au 15e étage, les vélos dans l'ascenseur, vue sur la ville et une douche!!!!!.
Des grosses arèeres, des petits marchés, des parcs, des grues, quelques tibétains, beaucoup de musulmans.
Des Baozis, des galettes....
Le tout cerclé par des montagnes arides et baigné dans une brume permanente.
Et surtout un PSB pour nos petits visas. Le coeur battant nous donnons les documents, c'est accepté, il ne reste plus qu'a trouver un magasin de vélos pour les rayons, pneus, pédales....
En route pour le désert
Après un départ sur les autoroutes en travaux de Shining, nous longeons les rivières, prairies et le Quinghai lake, sous la pluie. Plentant notre tente dans l'herbe grasse, les hôtels locaux ne veulent pas de nous et nous n'aimons guère les faux hôtels de luxe pour touristes blancs.
Cha Quia, la fin d'un lac, le début d'un désert... quelques montagnes de pierre et de sable, de grands plateaux désertiques et nos premiers chameaux....sans poils et sans bosses, nous sommes en été.
Des oasis tous les cinquante kilomètres où nous faisons le plein d'eau et de nourriture pour nos soirées camping et nos midi pique nique.
Nos journées vélos s'allongent, passant de 100 à 140 kilomètres (lignes droites et vent dans le dos sont de bons alliés), et les nuits se radoucissent, nous ne sommes plus qu'à 3000m en moyenne.
Nous voilà à Golmud, immense ville fleurie et boiéee au milieu du désert, après 250 kilomètres de lignes droites dans une immensiteé de sable et de pierres, notre premier hôtel depuis huit jours, on s'en serait bien passé...
Une pause ravitaillement et la route continue, nous partons plein Ouest vers la route de la soie et le désert du Taklamakan.
Vive le vent
Nous descendons le tapis rouge de notre hôtel avec nos vélos. Les bus se moquent de nous, c'est donc sans eux que nous partirons de cette ville fleurie de Petro Yuans.
Les camps militaires se succèdent a la sortie de Golmud, les hélicopteres volent dans le ciel, bientot remplacés par les moissonneuses batteuses à l'action dans les petits villages de terres longeant la route.
Puis le désert de marais assechés, où il ne reste que roseaux et stalacmites de ciel sculptés par les vents.
Le vent de face à décorner les chèvres du désert fait danser le sable sur la route... et dans notre tente. Stoppant net notre fougue.
Brume, poussiere et dunes remplassent les marais. Un camion nous soulage de 100 km et d'une tempête de sable. Au bout de la ligne droite, on tourne à droite et rejoignons contre le vent un collet au sommet d'un plareau désertique, laissant derriere nous les champs de pétrole.
Plongée infernaledans des gorges serpentant entre les montagnes de pierres arides, 70 kilomètres de descente, passant de 3500m à 1000m d'altitude.
Un grand plateau descendant, vent dans le dos, 170 kilomètres coincé entre le désert du Loup Nor et la chaîne de l'Altun, nous filons jusqu'à l'oasis de Charkilik, l'entrée du Taklamakan.
L'apprentissage du vide et du plein
"Dans cette region reculée de l'Asie centrale où la Chine procède à ses essais nucléaires et surveille sans relache son voisin russe, s'etend un vaste océan de sable dans lequel on sait que des caravanes entieres ont disparu sans laisser de traces. Pendant plus de mille ans , le desert du Taklamakan a joui, non sans raison, d'une mauvaise réputation parmi les voyageurs. [...] Le Taklamakan, entouré sur trois côtés par les plus hautes chaines de montagnes du monde, tandis que le quatrieme côté se heurte au désert de Gobi. Ainsi les abords mêmes de ce désert sont dangereux. Venant du Tibet, du Cachemire, de l'Afghanistan ou de la Russie, beaucoup de voyageurs ont peri dans les cols glacés qui y menent, certains sont morts de froid, d'autres ont glissé au fond des ravins.[...] Aucun voyageur n'a jamais pu trouver quelque chose en faveur du Taklmakan." Peter Hopkirk, Bouddhas et rodeurs sur la route de la soie.
Les outres à eaux sont pleines, nous chargeons notre caravane de deux chameaux a roues à l'assaut des dunes perfides du Tahlamakan ou de la route nationale 315 fraichement asphaltée.
Nous roulons sur d'interminables lignes droite au fond de cette cuvette de sable. Le vent, parfois aidant, parfois freinant, mais toujours présent pour lever la poussiere, nous privant ainsi d'une vue sur les montagnes.
Désolation et monotonie tranchent indubitablement avec l'animation grouillante des oasis, regorgeant de marchands, de vergers, de maisons en terre, de paysans et nomades se promenant sur leurs charettes tirées par des mules.
Tous curieux de voir deux cyclistes poussiereux, perdus sur la route de la soie Meridionale.
Quant un mot d'Ouyghour sort de nos bouches, c'est le rassemblement à en bloquer les routes. On nous propose même de l'argent pour nous aider dans notre voyage.
Naan, riz et mouton ont remplacés les plats chinois et nous donnent des forces pour atteindre Hotan.
Le « Happy Hotel » au style oriental désuet récolte nos bagages poussiéreux. Les places de la villes regorgent de barbecues fumants aux odeurs de mouton, de tas de riz épicés ornés de cuisses de poulet, de soupes et de brochettes.
Mais nous ne sommes pas là que pour celà, objectif: extension de visa. Les bureaux du PSB sont désafectés, une personne nous accueille, nous pose dans un taxi.... direction les nouveaux locaux. Bonne occasion pour se rendre compte de la circulation et de la conduite « très prudente » des locaux. On double à gauche, à droite, le klaxon est roi et le clignotant n'existe pas. Nous sommes très bien accueillis par les fonctionnaires de police nous demandant: « Où logez-vous? » en checkant nos passeports. Ils ne connaissent pas notre hôtel et ne trouvent pas trace de registration nous concernant.
En effet, dans cette province seuls quelques hôtels sont agrées pour accueillir les touristes étrangers et transmettre moulte information au Public Security Bureau. Nous sommes donc invités a monter dans le 4x4 de la police, se rendre à notre hôtel et éclaircir cette affaire.
A priori rien de grave, nous avons l'autorisation de rester ici mais devons faire notre extension a Kashgar, a 520 km .
Terminons-en avec le Taklamakan
Les paysages défilent à travers les vitres du bus, trompant l'ennui en discutant avec nos voisins qui nous offrent galettes et fruits. Pressés que nous sommes par nos visas, nous loupons une belle route en travaux ainsi qu'un fort vent de face.
200 kilomètres plus loin, Kargilik dans notre dos et le désert sous nos roues, nous pédalonsà la recherche d'un lieu pour la nuit. Busy, busy, les berges d'une belle rivière feront l'affaire.
Oasis, Oasis, désert, oasis, villes chinoises, puis un grand lac, des dunes et un cône blanc dépassant des brumes. 7700 m, Kongur Shan pointe son nez..... Nous repasserons à tes pieds.
Kashgar approche, la circulation se densifie, les buildings se dessinent au pied de montagnes arides, signal de la fin de la traversée du Taklamakan.
Point de chute des cyclos
Passons nos histoires d'extention, 10 jours seulement....
Kashgar, ville mythique de la route de la soie...... Old town Youth Hostel, lieu mythique des cyclistes parcourant l' Asie.
Le vieux quartier se réduit à deux ruelles, les buildings chinois ont remplacé les maisons traditionnelles ouighours, les supermarchés prennent le dessus sur les étals de rues, bref le bulldozer chinois ne s'arrêtera pas.
Pour nous c'est détente et douce soireé a tchatcher et boire des bières avec le gang de cyclo dans le patio de notre maison ouighour. Suite à cinq jours de vie citadine nous sommes prêts à repartir à l'assault des montagnes et de la Karakorum Highway .
Good by China
A la sortie de Kashgar la petite route 697 mouillée par la pluie traverse les petits villages de terres blottis à l’ombre des peupliers.
Puis c’est la grande route, la 314 qui trace droit sur le chaine du Pamir, prise dans les nuages, nous dévoilant seulement ses pieds enneigés et quelques langues de glace. Le soleil se montre enfin, à l’entrée des gorges du Ghuez. Le ciel bleu tranche avec les montagnes d’un rouge éclatant. Le canyon se resserre et nous jettons la tente entre la route et la riviere.
Au reveil les montagnes poudrées sont dévoilées mais pour peu de temps. Durant la difficile et longue ascension vers les dunes de sable, le vent souffle et la neige nous bat le visage. Dur labeur pour mieux apprécier le retour du soleil lorsque nous roulons le long du mont Khongor, 7719m, dans une vallée où paissent moutons, chèvres et chameaux.
Une dernière montée et le lac Karakul se dévoile au pied du Muztagh Ata, 7546m. Peut on rêver meilleur coin de camping sous cette voute étoilée. Plus un nuage au reveil, les sommets sont magiques mais le dernier col a 4000m nous pompe notre énergie.
Longue et belle descente entre les vallons et les pics enneigés sur le plateau du Subash. Nous filons comme le vent pour pénêtrer dans une gorge étroite qui ressort aux abords de tashkurgent, derniere ville chinoise. Fin septembre, les bleé sont moissonnés, tout le monde s’active dans une douce lumiere de fin d’été. Les maisons de terre cotoient les bergers et les pics enneigés fendent le ciel bleu.
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