Europe nous voilà
La neige tombe à gros flocons sur le mont Ararat en cette veille de jour de l'an.
Une bière à la main, nous fêtons la fin de trois mois et demi passés en république islamique et l'entrée en 2011.
La frontiere Turque n'est qu'une formalité, maintenant il nous faut affronter le froid et les routes enneigées du Kurdistan. Longeant le Van Güle (lac), nous traversons Van, Bitlis, et les montagnes blanchies et glacées.
Les nuits sont fraiches sous la tente mais les rencontres n'en sont que plus chaleureuses.
Kurdes ou turcs, l'accueil est le même, invités au chaud dans la supérette on nous offre café et légumes, on fait ouvrir le magasin de vélo pour réparer les cables, en attendant nous recevons une bonne soupe de mouton pour le petit déjeuner...
Sans parler des tchais que nous sirotons à longueur de journée.
Une froide et belle entrée en matière pour la Turquie et nos premiers tours de roues en Europe
Chaleureuse Turquie
Nous laissons Ahmet, notre premier hote couchsurfing, et la neige à Bitlis, pour entamer la descente des montagnes où se cache la guérilla kurde. Sapins et camps militaires jallonnent notre route pas l'ideal pour un coin de camping...
Nous ne croisons pas Catwoman à Batman mais juste un délicieux buffet pour le petit déjeuner et de sympathiques gérants qui se plient en quatre pour nous permettre de rester dans leur hotel.
Puis c'est cap plein sud, le soleil.... les jolis villages de pierres sèches et les grandes lignes droites vent dans le dos. Nous filons sur la route parsemée de rencontres. Une pause tchai dans une station service se transforme en castagnade au coin du poêle, la tente plantée dans le sous sol et nous bien au chaud.
Toujours plus au sud on rejoint Kızıltepe et Murat, son appart, ses potes, ses autres couchsurfers et nous.... Bières et poulet cuit au four de la boulangerie, appart enfumé... enfin une vrai soirée. Du coup on reste sur place le lendemain pour boire quelques tchais dans les magasins de la ville et faire le plein de soleil.
Nous reprennons la route le long de la frontiere Syrienne, le vent nous pousse sur 160 km jusqu'à Sanlıurfa, ville des pélerins venant honorer Abraham. Croisement des cultures et des races, les arabes aux turbans colorés et aux shalwars bouffants côtoient les Turcs et les kurdes, le tout en buvant un thé au soleil sur l'une des nombreuses places ombragées de la ville.
Bazar animé, rues du cuivre, des épices, des étoffes, des vendeurs de tabac... On se laisse entrainer dans les ruelles, visitant le lac aux poissons sacrés, le parc Golbesı et le fort qui nous offre une vue magnifique sur la ville.
Nous testons les differentes boulangeries, toujours aussi nombreuses et sympathiques.
Seule ombre au tableau, un jour de break imposé pour la crève de Mica. Cependant ce n'est pas le pire endroit pour se soigner et nous profitons des lieux pour lézarder au soleil
et approfondir notre turc!!
BBQ turc
La route s’étire et grimpe doucement entre les orangers aux branches pliées par le poids de leurs fruits.
La mer dans le dos, nous filons, par cette douce journée, vers les monts enneigés qui nous barrent la route des Cappadoces.
Peu à peu les vergers laissent place à une belle forêt de sapins, les villes se changent en villages et les stations-service deviennent bergeries.
Maintenant la route suit une gorge, traverse un plateau boisé, monte, descend, pour nous ramener dans la neige et les paysages désolés d’un plateau désertique à 1500m d’altitude.
C’est une belle occasion pour se réchauffer un peu autour d’un barbecue en compagnie d’Hussein avec qui nous trinquons à la vodka, boisson idéale pour tonifier les muscles et pédaler avec grâce et légèreté.
3 semaines avec les...
Meilleur
-Petit déjeuner: çirali
-Hôtel: çirali
-Restaurant: Can Can Pide restaurant, Antalya
-Vue: Kekova Pensyion, Uçegiz
-Ballade: Cappadoce, la vallée des papillons
-Bouffe: patlican (aubergine)
Pire
-Restaurant: Kekova pensyion, Uçegiz
-Hôtel: Furya Otel, Fethiye
-Accueil: aucun, les turcs sont d'une nature chaleureuse
-Plage: Après Marmaris devant l'UCPA
-Ballade: Silifke, entre la grotte du paradis et le village de silifke
Les tortues: En pleine nature, qui nous barrent la route, plus grosses les unes que les autres, endormies ou excités. Un petit bruit dans les bosquets, elles sont démasquées...
Köpek, Kedi: Déambulent dans les rues, ronronnent dans nos jambes, surgissent des poubelles, gris comme des ramoneurs, chaleureux comme des turcs. On en voit un, on en voit deux, on en voit cent par jour.
Turcs: Merhaba... Nous sommes étonnemment surpris par la gentillesse et l'accueil de ces gens là, loin de nous l'idée de ces gars du bâtiment, revêches et négligeants. Sourire aux lèvres, toujours un tchaï à offrir, prêt à aider... L'argent ne fait pas loi, loin de là. Ils sont fort ces turcs et contrairement à ce que l'on dit ce ne sont pas des têtes de turcs.
Günes: Agréable sur la côte, se faisant désirer dans les cappadoces. Il nous permet nos premières baignades, colorent nos peaux blanchies par l'hiver. Petit déjeuner dans un jardin ou sur une terrasse, sur un banc face à la mer attendant l'arrivée des pêcheurs ou au milieu des bananiers et orangers.
Otogar: çok,çok buses, période de vacances pour les turcs et pour nous également. Moyen de transport le plus populaire, service à bord, café, thé, biscuit, coca... Il suffit de choisir la bonne compagnie ou de partir du bon endroit. celà nous fait oublier les longueurs des trajets de ce pays immense (800 km/ 11h de route).
Cami:Omniprésente dans le pays, chaque ville, chaque village, chaque bourg en possède une... ou plusieurs. le chant des minarets rythme nos journées et nous casse les pieds avant le petit déjeuner mais participe à l'authenticité de notre épopée. On ne s'étendra pas sur le sujet, vive la laïcité...
Voiçi quelques informations prises à chaud à l'heure de l'apero avec nos invités, nos parents préférés. Vous pourrez remarquer que l'article n'est pas fini car l'intérêt pour le foie gras, le vin et la bière ont pris le dessus sur celui de l'écriture.
Nous avons donc passé trois semaines tous ensembles, dans la joie et la bonne humeur, sous la pluie et le soleil, entre bus et voiture, d'hotels en
pensions, à déguster de délicieux petits déjeuners. Une vie de pachas...
Tu nous fait tourner la tête, Konya
Konya, ville conservatrice?
Lieu de pélerinage très important pour les soufis, dernière demeure de "Mevlana" leur guide spirituel, plus connu sous le nom de Rumi.
100 000 étudiants, rues et coffee shops bondés où filles et garçons habilles à l'occidentale se melent librement. Un bazar traditionnel couvert où cordonniers, forgerons, tailleurs, vendeurs d'épices et de fruits secs ont élus domicile depuis des centaines d'anneés.
Nous découvrons à deux reprises Konya, une premiere fois assez rapidement avec les parents. Une deuxieme fois guidés par Husayin, notre couchsurfer qui nous mène de tea shops en bazars, de mosqueés en musées, de rues commercantes en parcs verdoyants.
Nous finissons la journée au centre culturel Mevlana pour assister à un "Sema", danse rituelle qui représente l'union avec Dieu. Le soufisme fut interdit en 1923 par Ataturk, fondateur de la république laique turque. Les Sema sont donc aujourd'hui essentiellement conçus pour les touristes mais permettent également de conserver les traditions. Mélange de spectacle et de céremonie religieuse, il est difficile de discerner le réel.
En reste une belle impression, musique soufi de toute beauté, trente derviches tournant tel des toupies, dans leurs longues robes blanches représentant leur linceuil, coiffés de leur haute toque, leur pierre tombale.Certains nous semblent en communion totale avec Dieu. Bras droit en l'air, paume tourneé vers le ciel pour recueillir la grace du paradis qu'ils transmettent par leur bras gauche, paume vers le sol. D'autres à l'inverse semblent seulement danser.
N'en reste que pour être danseur derviche il faut avoir le coeur et l'estomac bien accroché et suivre une formation de trois ans.
Konya, ville conservatrice? En tant que passant elle nous semble plus mystique, touristique et dynamique.
Mediterranenneeeeee...
"Qu'importe ce qui tombe du ciel, jamais nous ne devons le maudire. Pas même la pluie. Qu'importe la violence de l'averse, la froideur de la neige fondue, jamaisnous ne devons blasphémer contre ce que le ciel nous réserve."
Elif Shafak, la batarde d'Istanbul
Devant nous se dressent les montagnes des Tauros blanchies par la neige de ces derniers jours. Dernier obstacle qui nous sépare de la mer et de son beau temps potentiel. Sous un ciel mitigé nous passons la chaine des Tauros et redescendons entre les collines couvertes de pins. La côte, contrairement à nos espérences ne nous accueille pas sous un généreux soleil mais sous une pluie torrentielle...
Nous passons Manavgat, Antalya, Çıralı, quatres jours de pluie... Heureusement que les rencontres de route nous réchauffent un peu le coeur et nous remontent le moral.
Pour la suite c'est une longue et belle journée en bord de mer sous le soleil, arrivée tardive sur Kaş où nous finissons sur le port à déguster la Efes pression et pendre la crémaillère de Comak, vodka lime... A 3 heures du mat les jambes et les paupieres sont lourdes.
Le lendemain sera cuisine et ballade dans les environs, l'orage du matin nous ayant convaincu de rester une journee de plus chez Halide notre couchsurfeuse.
Nous reprennons la route sous le soleil, Fethiye, Koyçegiz, nos nuits de camping sont douces et nos journées chaudes, surtout quand il faut grimper jusqu'à Mugla pour quitter la côte Méditerranenne et atteindre le versant Egeen.
Le pain du pauvre
"Simit, Simit, Beshus kurush, guzel..."
A peine le Khavalti digéré que l'on se laisse dejà tenter par ces delicieux anneaux de sésame.
Véritable institution en Turquie, le simitest partout, aux croisement des routes, à la sortie des métros, dans les gares de bus... Peut être même qu'un jour il remplacera le portrait d'Ataturk... enfin là on va un peu loin quand même.
Pour nous on commence en douceur, aimant goûter les spécialités des régions traversées on ne pouvait manquer le simit; c'est donc un de temps en temps, histoire de faire comme tout le monde, puis un peu plus souvent et finalement un par jour.
Nous en venons même à attendre impatiemment l'apparition de la roulotte ambulante du vendeur de simit où bien la première firin aux odeurs alléchantes. Serions nous devenus dépendants?
Anneau de pain légèrement brioché recouvert de graines de sesame, parfois tendre ou croustillant, fourré aux olives ou au fromage... Qu'importe on les aime sous toutes leurs formes. Et nous ne sommes pas les seuls, le pain du pauvre comme on l'appèle parfois ici a ses adeptes dans tout le pays, peut être seule la partie Kurde y échappe, mais à écouter les turcs ce ne sont pas vraiment des turcs alors c'est un peu normal...
D'ailleurs nous serions bien curieux de savoir combien de kilos, de tonnes de simit se cuisent, se mangent par jour en Turquie.
Nous partagerons peut-être la recette avec vous si vous êtes sage, et la réponse à cette question
existentielle.
Petrol Ofisi
Comme d'habitude Marion a envie de pisser, Oh une station service, bon plan pour trouver des toilettes chauffées.
Mica raconte son histoire comme à l'accoutumée, sort la carte, et oui nous arrivons du Cambodge...
"Si on a pu c'est parce que l'on dort dehors sous la tente...
Les décorations sur le vélo cela vient du Pakistan".
Première tournée de tchai, on enchaine sur la Turquie, Van, Bitlis, Chok Sok... Deux heures passent nous sommes toujours àla Petrol Ofisi, c'est ce qu'on appèle les relations sociales.
"Oh il y a un bout de gazon derrière , tu crois que l'on peut planter la tente?
Vous n'allez pas dormir dehors, rentrez près du poële."
Castagnades, tchais, cafés, yekmek, souvent nourris, toujours bien accueillis, nous avons trouvé la valeur sure pour le cycliste fatigué en Turquie.
BP, LukOil, Moil, Total, Sunpet, Shell, Akgaz...et notre favorite... PETROL OFISI.
Un olivier sous la neige
Nous devons y aller car nous avons vu son nom partout, elle nous a hydraté, désalteré, mis les larmes au yeux, nous ne pouvions donc la louper...
Efes, le site antique de la Turquie, celui qui a donné son nom à la bière nationale, bon nous y sommes allés mais 20TL pour des ruines.... Nous avons préféré boire des bieres. Accueillis chez Mehmet et Alibaba, deux frères restaurateurs, nous profitons du beau temps pour faire un break à selcuk, ville antique où les cigognes élisent domicile pour quelques mois.
épour remplir nos sacoches.
Dimanche, changement d'ambiance, il est temps pour nous de partir sous la pluie, nous laissons un village pour Izmir et ses 2 700 000 habitants, ses bars et sa vie nocturne étudiante. L'arrivée en ville est impressionante, cité tentaculaire envahissant les collines aux alentours de maisons délabrées et colorées; ambiance de favelas brésiliennes. Nous découvrons la bière pression de 70 cl accompagnée de pop corn et cornichons avec Akun, notre couchsurfer, dans un des nombreux bars de la ville.
Nous montons toujours plus au nord, longeant la côte Egéene où les champs d'oliviers prédominent et les premières fleurs des champs apparaissent. En chemin pour Canakkale nous affrontons la tempête, vague de froid exceptionnelle, vents violents et flocons en bord de mer.
Pour dire nous n'arrivons pas à tenir sur nos vélos, étant obligés de les pousser.... Trois jours de galere et de froid nous incitent à dormir dans une auberge de jeunesse a Canakkale, célèbre ville du détroit des Dardanelles où tous les 25 avril des milliers d'australiens et de Néo Zelandais se retrouvent pour celebrer l'ANZAC day et la commémoration de la bataille de gallipoli en 1915.
De là, c'est une course avec les péniches et les tankeurs remontant le détroit et la mer de Marmara en direction du détroit du Bosphore et de la mer noire pour nous emmener à Bandirma où nous prennons le ferry pour Istanbul et une arrivée de nuit dans une ville de plus de 15 millions d'habitants.
Istanbul
Les premiers à nous réveiller sont les Imams, certains ont la voix douce et d'autres la voix rugueuse. Nous entendons leurs chants des quatres coins, appelant les fidèles à la prière.
Puis vient le tour des marchants de Simit, arpentant les rues de leurs petites carioles, allant s'approvisionner dans leurs boulangeries attitrées.
Les chauffeurs prennent la suite, envahissant les rues d'Istanbul et s'appropriant la ville... Klaxons, crissements de pneus, injures. Mais celui qui nous fait définitivement sortir de notre tente installée sur un balcon du cinquieme étage d'un immeuble du quartier de Besisktas est bel est bien le soleil.
Nous entamons donc le Khavealte, petit déjeuner, baignés de ses rayons, en compagnie d'Aymeric cycliste et étudiant francais qui nous acceuille aimablement dans sa collocation.
Voila deux jours que nous courrons les rues de cette ville tentaculaire, coincée entre l'Asie et l'Europe, à la recherche de pieces pour nos velos.
Nous trouvons des centaines de pêcheurs alignés sur le pont de Galata, attrapant tout ce qui veut bien mordre, vendus sur place en sandwich "Balik Ekmek".
Nous trouvons des centaines de mosquées, petites, grandes, vieilles ou récentes, touristiques ou locales, fardées ou delabrées; vous ne pourrez pas les manquer.
Nous trouvons des centaines de magasins dans le grand bazar d'Istanbul, vendeurs de tapis, vendeurs de fruits secs, vendeurs de bas résilles, vendeurs de bijoux, vendeurs de verres à thé, vendeurs d'epices, vendeurs tout cours...
Mais rien pour nos vélos.
Nous trouvons des voies rapides, des autoponts qui nous menent au Decathlon, mais là encore rien de bien fabuleux pour nos vélos.
Nous trouvons des ruelles en travaux, des bars branchés et des restos bondés, des vendeurs de doners a tous les coins, des épiceries et des bières fraiches, l'occasion donc de se désaltérer assis sur un banc à regarder marcher la ville et ses nombreux touristes. Mais toujours rien pour nos vélos...
Apres trois jours à Besisktas nous devons également trouver un nouvel endroit pour se loger... Ce sera donc chez Emma et Justin, un couple de Neo-Zelandais arrivés de Londres à vélo et s'étant posés sur six mois à Istanbul, laissant ainsi passer l'Hiver pour mieux repartir vers la Russie, la Mongolie et la Nouvelle Zélande. Rencontres via WarmShower, site dédié aux cyclistes, nous les avons rencontrés la veille au cours d'une reunion de cyclistes: Aymeric, deux Hollandais arrivant de Venise et Emma et Justin.
Nous déménageons donc de quartier pour monter un peu plus haut dans les collines urbaines, juste le temps de poser nos sacoches et nous voila repartis à l'assaut de la ville et de ses fameuses terrasses.
Rendez-vous avec Marjiana, une croate rencontrée à Nevsehir qui bosse dans une guesthouse, pour un café au soleil et un moment de calme. Nous prennons donc du retard sur notre planning et arrivons trop tard pour la visite d'Aya Sophia, ce n'est que partie remise pour le lendemain.
Descente rapide vers la Corne d'Or pour attraper un ferry nous menant sur la rive Asiatique. En chemin nous dénichons les cigognes dans le parc Topkapi. Le soleil vient caresser les minarets et teinter le ciel lorsque nous larguons les amarres, des nuées de mouettes suivent le va et vient des bateaux reliant l'Europe à l'Asie, empruntant le détroit du Bosphore où la circulation est dense. Lieu de passage entre la Mediterrannée et la Russie...
Nous atteignons Kadikoy et l'Asie à la petite nuit, charmés par les petites ruelles où nous flannons entre les étals de poissons et de légumes frais, de boulangeries et de bars animés.
Reénion cycliste, encore une... pour une petite soirée Kumpir, patate fourrée de beurre, fromage et autres ingrédients au choix. Ainsi que de bières bien entendu.
Il est temps pour nous de quitter Istanbul, longeant le détroit du Bosphore en direction de la mer Noire. Itineraire totalement illogique mais bien plus sympathique que les autoroutes. Nous sortons donc par les beaux quartiers de la ville, passant sous le fameux pont du Bosphore.
Nous quittons définitivement l'Asie.
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